[DMA] Chapitre 9 : Le jeu de la bouteille

[Warning nudity

[DMA] "Entre la soumission, la peur ou l'abandon" (3ème et dernière partie)

 

[DMA] Retour à Oasis Springs (3ème partie)

Le soir même, il paraissait toujours un peu embarrassé à mon égard mais Souris nous entraîna dans une partie de baby-foot endiablée et à la fin, il avait retrouvé une partie de sa belle insouciance. Le lendemain fut consacré aux préparatifs de la soirée. Je les aidai du mieux que je pus mais je n’avais jamais fait ce genre de choses et j'avais l’impression d’être plus un boulet qu’autre chose.



Enfin, les invités arrivèrent. C’étaient les mêmes que ceux que j’avais déjà rencontrés. A part le petit-ami de Souris, un certain Raphaël Zest. La fête battait son plein quand la sonnerie de l’entrée retentit à nouveau. Flèche argentée alla ouvrir et on entendit son cri indigné retentir :

« Comment oses-tu te présenter ici après ce que t’as fait à mon frère ? T'as donc aucune dignité ? Et toi, Hugo, pourquoi te prêtes-tu à ça en l’accompagnant ici ? »


Claire, Thomas et Alexandra s’étaient précipités pour prêter main forte au jumeau d’Arden. J’avais préféré rester près de mon pote dont le visage avait violemment blêmi en devinant l'identité de la visiteuse.

« Et alors ? retentit la voix de Chloé avec provocation. J’ai reçu une invitation et je fais toujours partie du groupe…

— Ouais, l’invitation, c’était avant que tu ne trompes Arden…

— Je savais pas pour Arden, protesta Hugo, désappointé. 

— Tu ferais pas mal de dégager, ordonna Claire,  Julien a eu au moins la décence de ne pas se présenter ici…

— T’es personne pour me donner des ordres et m’interdire l’entrée. Je ne me plierai qu’à la décision d’Arden. Allez le chercher !  

— C’est bon, laissez-la entrer, trancha Arden d’une voix qu'il tentait de rendre indifférente. Elle n’est plus assez importante à mes yeux pour me gâcher la soirée. »



La fête reprit son cours, chacun s’appliquant à ignorer l’importune. Claire et moi ne quittions pas Arden d’une semelle, dansant à ses côtés de manière à faire barrage de nos deux corps à toute tentative d'approche de la traîtresse. 

Puis, à un moment, Hugo réclama notre danse. Chloé, qui n'avait pas répété avec nous, se retrouva du coup exclue, réduite à nous regarder. 


Un peu plus tard, elle essaya d’avoir une explication avec Arden qui la rembarra. J’avais eu peur qu’il ne se décide à lui donner une seconde chance et qu'il ne se fasse encore avoir.

En fin d'après-midi, Claire proposa le jeu de la bouteille qui consistait à faire tourner une bouteille par terre pour désigner un participant afin d’interagir avec lui en jouant à action ou vérité.  Je n'étais pas franchement enthousiasmé à cette idée, me sentant trop en décalage par rapport à tous ces ados sans problèmes. J'avais peur qu'ils se rendent compte de la personne que j'étais en réalité mais je ne pus faire autrement que de suivre le mouvement.


« Pour garantir une parfaite équité, j’ai un peu modifié les règles, nous expliqua Claire. Nous préparerons les actions et les questions en les écrivant sur des bouts de papiers que nous mélangerons dans deux saladiers. Celui qui sera désigné par la bouteille annoncera le défi, “action” ou “vérité”. On ne pourra pas choisir plus de deux fois le défi "vérité" et aucun refus de gage ne sera toléré, à moins de boire un verre de l'infâme mixture que je vais préparer. »


Nous inscrivîmes donc tous sur des morceaux de papier séparés trois actions et trois questions que l’on mélangea dans deux saladiers différents. Puis nous nous assîmes en cercle autour de la bouteille. Claire tourna la bouteille qui s’arrêta sur Laurent.

« Action ou vérité ?

— Action. »

Claire tira un bout de papier qu’elle lut.

« Tu dois appeler une amie pour lui demander sa taille de soutien-gorge.

— Ah ben ça commence bien », soupira-t-il, mais il s’exécuta sous nos ricanements débiles.

Puis ce fut au tour de Laurent de tourner la bouteille qui désigna Charlotte.

« Action ou vérité ?

— Vérité.

— Carte sûre, soupira un joueur.

— As-tu déjà vu les parties intimes de ton père ?

— Non, mais ça va pas espèce de malade ?

— C’est la question, protesta Laurent en nous montrant le papier. Alors ?

— Je t’ai déjà répondu : non, mais ça va pas ? »


Charlotte, encore toute rouge, tourna la bouteille qui s’arrêta sur Chloé.

« Action ou vérité ?

— Vérité.

— Encore une carte sûre, se plaignit le même participant que tout à l'heure.

— Qui a été ton pire coup au lit ?

— Arden ! » répondit-elle sans hésitation. 

La stupeur nous avait tous cloués sur place avant que des protestations indignées ne remplissent la pièce.

« Elle a peut-être raison, répliqua calmement Arden. Après tout, ce n’est pas ça qu’elle recherchait chez moi, mais des miettes de ma popularité. »

Je jetai un coup d'œil à Arden qui affichait un air serein mais je vis à la contraction de sa mâchoire que l’accusation de son ex l’avait profondément  heurté. 


Hugo détendit l’atmosphère en utilisant un filtre qui change la voix sur snapchat et en disant :  "je veux qu'Arden me fasse un gros câlin" pour le mettre ensuite en story, déclenchant nos rires.

Le jeu reprit et Manon dut effleurer le visage de Vincent avec le bout de ses doigts, Vincent dut appeler un ami et lui demander la taille de son sexe et Alexandra dut aller dehors pour dire “je t'aime” à la première personne qu’elle croiserait.

Les défis n’étaient pas forcément du meilleur goût mais nous passions tous un bon moment, jusqu’à ce que la bouteille désigne à nouveau Chloé, qu’elle choisisse “action” et que le gage suivant fut tiré du saladier :

« Embrasse langoureusement pendant 2 minutes le joueur qui te fait face… »

Quand Chloé s'approcha de moi, je préférai boire cul sec l’infâme breuvage sous les encouragements des participants. 


« Et glou et glou et glou et glou… »

La mixture était ignoble et je crus bien que j’allais la rejeter en spray dans le salon de Mme Berry. Je voyais à l’expression de Chloé combien elle était furibonde d’avoir été ainsi rejetée, mais il était hors de question que j’accepte un baiser de celle qui avait humilié Arden devant tout le monde.

Elle essaya de se recomposer une attitude et tourna la bouteille, un peu brutalement. Yann fut désigné.

« Action ou vérité ?

— Action.

— Va chez le voisin et demande-lui une banane de manière sensuelle.

— C’est une blague ?

— Aucun refus de gage n’est toléré, scandâmes-nous en chœur.

— Mais tu peux également choisir de boire la mixture, suggéra perfidement Chloé.

— Nan, c’est bon, j’y vais ! »


Nous nous précipitâmes tous sur le perron tandis que Yann sonnait chez les voisins. Nous avions du mal à rester sérieux puis nous éclatâmes tous de rire quand Yann tenta d’honorer son gage. 

De retour dans le salon, les moqueries fusèrent sur sa prestation de haute volée.

« Evidemment que je sais parler de manière sensuelle, mais j’avais trop peur que la vieille madame Plènozas me prenne au mot… Brrr, elle avait oublié de mettre son dentier ! »

Yann tourna ensuite la bouteille qui s’arrêta sur Cécile.

« Action ou vérité ?

— Action.

— Envoie un texto à un de tes amis pour lui demander de te rejoindre pour un plan à trois.

— Non mais je suis sûre que c’est Hugo qui a écrit cette question ! Vous êtes hyper relous quand même à être aussi obsédés ! 

— Aucun refus de gage n’est toléré, rappela Hugo.

— Ouais ben vous pourriez vous montrer un peu plus délicats dans l’énoncé des défis, non ? Comme celui de tout à l’heure qui consistait à effleurer le visage d’un joueur avec le bout de ses doigts. Je suis sûre que c’est une fille qui en est l’auteure. Manon ? Claire ? Alexandra ?

— Haha ! Ce serait trop drôle que ce soit un gars qui l’ait écrit ! Dénonce-toi, mec, on se moquera pas de toi, juré… même si ça fait un peu gay ! Alors ? Personne ? Je vous préviens, personne ne sortira d’ici tant qu’on ne saura pas la vérité !

— C’est bon, c’est moi ! capitulai-je en levant la main.

— Wouah, t’es trop chou, Célian, s’attendrit Claire.

— Encore heureux que t’es là pour relever le niveau ! renchérit Alexandra.

— Ouais, ben vous excitez pas les filles, apparemment, Célian est gay ! tempéra Hugo. 

— Et toi, tu l’es pas assez ! lui reprocha Claire.

— Bon, on en était où ? fit-il semblant de chercher.  Cécile, tourne la bouteille ! »

La rouquine m’adressa un clin d’œil complice, ravie que son gage ait été oublié, avant d’annoncer à Arden :

« Embrasse Karine avec la tête à l’envers style Spider-Man. »


Je savais que je n’avais aucun droit d'être jaloux mais cela me pinça le cœur qu’Arden se plie aussi facilement à ce gage.

Puis, Arden tourna la bouteille qui désigna Charlotte.

« Action ou vérité ?

— Vérité.

— Attention, Charlotte, c’est la deuxième fois, au prochain tour, ce sera obligatoirement une action, clarifia sentencieusement Hugo.

— Dis donc, père Fouras, est-ce qu'on peut maintenant passer à la question ? râla Arden. Bon, Charlotte, es-tu capable d’entretenir une relation amoureuse si tu ne fais pas l’amour ?

— Encore une question de gonzesse ! soupira Yann.

— Ou une question de Célian. Au choix, fit remarquer Hugo qui s’entêtait à vouloir donner un avis que personne ne lui demandait.

— Alors, qui a écrit cette question ? » s'obstina Yann.

Je levai la main, blasé et Arden et les filles m’applaudirent en huant les deux trublions.

« Bon alors, se moqua Charlotte, je réponds à la question ou vous avez décidé de faire des questions aux questions ?

— Comme t’es une gonzesse, tu vas répondre par l’affirmative pour faire genre !

— Tout à fait… »

Charlotte tourna alors la bouteille qui s’arrêta sur… ma personne. Je sentis le stress s’emparer tout à coup de moi. J'avais peur de paraître bizarre et déphasé.

« Action ou vérité ?

— Vérité, bégayai-je, les défis portant sur “action” étant trop aventureux à mon goût.

— Qui aimerais-tu embrasser ?

— Arden ! » répondis-je du tac au tac, encore bouleversé par l’image d'Arden en train d’embrasser Karine — j'aurais tellement aimé être à la place de Karine.


En me rendant compte de mes paroles, j’enfouis ma tête dans mes genoux, trop honteux pour regarder dans la direction d’Arden. J’aurais donné n’importe quoi pour me trouver ailleurs, ou rembobiner ma réponse. Mais ça n’était évidemment pas possible, j’allais devoir survivre à l'embarras de ce moment. D’autant plus que ses potes ne perdirent pas l’occasion de surenchérir :

« Ouh… les couples se forment !

— Le bisou, le bisou, le bisou !

— Mais foutez-lui la paix, bande de chacals, intervint Claire. Vous avez décidé de le bizuter parce qu'il est nouveau parmi nous, c’est ça ?

— Mais enfin, Clairette, t’as pas compris que t’avais aucune chance avec lui ?

— C’est pas une raison », râla-t-elle tandis que Vincent l’embrassait sur la tempe pour la consoler.

Désireux de me faire oublier, je m’empressai de tourner la bouteille qui  s’arrêta sur Thomas :

« Action ou vérité ?

— Vérité. »

Je tirai le papier avant de rougir violemment en déchiffrant la question. Moi qui aurais aimé me faire oublier suite à ma stupide boulette avec Arden,  c’était sans compter sur mon mauvais karma. J’inspirai un bon coup avant de lâcher :

« Est-ce que tu aimes la sodomie ?

— Nan mais qu’est-ce que c’est que cette question encore ?

— Ah, tu vois que tu aurais préféré une question de gonzesse ! lui asséna Manon.

— Qu’est-ce qui te gêne dans cette question? intervint Yann, faussement compréhensif. Je peux t’aider à la comprendre si tu veux : aimes-tu te prendre une grosse bite dans le cul ?

— Hein ?

— Allons, chaton, ne fais pas ta vierge effarouchée ! L’autre soir, c'est pas toi qui m’as supplié de te prendre sauvagement ?

— Pfff, t’es vraiment trop con ! se plaignit Thomas. 

— Nan mais t'as pas à t'en faire, intervint alors Claire d'une voix doucereuse, tu sais bien que Yann en a une toute petite, au pire, tu ne sentiras passer qu'un léger courant d'air. 

— Merde, je suis démasqué... », conclut Yann, beau joueur.

J'éclatai de rire avec les autres. Encore une fois, j'étais fasciné par leur bonne entente, malgré la récurrence des vannes vulgaires et machistes. Ca se voyait qu'ils ne les pensaient pas et qu'ils s'adoraient. Au foyer, il aurait été impensable de se laisser atteindre dans notre virilité sans que l'on n'en vienne aux mains ou que l'on ne devienne le souffre-douleur des caïds. Et de toutes façons, on n'aurait jamais pu jouer ensemble sans que cela ne dégénère très rapidement.

Thomas s'était mis à tourner la bouteille qui s'arrêta sur Claire.

« Action ou vérité ?

— Action.

— Utilise ta langue pour écrire un mot sur le dos de ton voisin de gauche. »

Claire me lança un petit sourire contrit, attendant que je donne mon accord ou que je choisisse la mixture. J’enlevai mon t-shirt sous les sifflements exagérément admiratifs des garçons, à part Arden.


« Taisez-vous donc, bande de puceaux, vous allez gâcher mon moment ! », leur intima Claire avant de se pencher vers moi.

Je frissonnai quand sa langue vint chatouiller mon dos pour y tracer les lettres du mot à deviner. Je fermai un instant les yeux pour mieux me concentrer. Quand je les rouvris, le regard d’Arden était intensément posé sur moi. C’était la première fois que nos yeux se croisaient depuis ma bourde et, à mon grand désarroi, luisait dans les siens une lueur ombrageuse que je ne compris pas. 

Voulant échapper à cet étrange échange, je me retournai vers Claire, hésitant :

« Tu es craquant ?

— Oui », fit-elle en m’enlaçant pour me souffler à l’oreille : ”Tu aurais dû me dire pour Arden...

Puis elle me me serra doucement contre elle avant de s’éloigner dans un sourire plein de malice.

Le jeu continua jusqu’à ce que l’on ait épuisé les petits papiers. Manon dut faire un strip-tease, Karine dut nous révéler que si elle pouvait choisir deux personnes dans cette pièce pour faire un plan à trois, ce serait moi et Thomas, Alexandra dut avouer lequel de ses 7 péchés capitaux gouvernait sa vie, Cécile dut nous dire si elle rêvait de trouver le grand amour. 

Le jeu se termina sur un gage qui m’était destiné et Claire lut le petit papier :

« Célian, va cinq minutes avec Arden dans une chambre. Ce qu'il se passe là-bas ne dépend plus que de vous ! »

Je compris qu’elle venait d’inventer le défi et je la fixai avec reproche, affolé à l'idée que cela n'indispose Arden mais celui-ci s’était levé et me toucha l’épaule en passant près de moi. Je le suivis tel un automate jusqu’à l'étage. Il s’était assis et m'attendait sur le lit où je le rejoignis, confus. 

Un long silence s’installa, que je n’osai troubler. Peut-être allions-nous rester muets jusqu’à ce que les cinq minutes soient écoulées ?

Je sursautai quand Arden prit la parole.


« C’est vrai ce que t’as répondu tout à l’heure ? T'as envie de m’embrasser ?

— Désolé, je voulais pas te mettre dans l’embarras… Je sais pas ce qui m’a pris ! Je suis vraiment désolé !

— Ah ? Tu as donc menti ? »


Je levai les yeux vers lui, ébranlé par sa question. Il me fixait gravement, et encore une fois, je ne sus comment interpréter son regard. Je choisis pourtant de dire la vérité au risque de perdre son amitié.

« Je… Non. Non, je n’ai pas menti. Je… je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi… Mais je comprendrais que ça te dégoûte et que tu n’aies plus envie de me revoir ! »

Il se pencha vers moi tout en posant sa main sur mon épaule.


« Me dégoûter ? A vrai dire, je ne pense plus qu’à ce baiser depuis que tu l'as évoqué… »


Quand il posa ses lèvres sur les miennes, je me mis à trembler de la tête aux pieds. C’était la première fois que je ressentais une telle émotion, et quelque part je fus soulagé de constater que j’en étais encore capable tant je me sentais bousillé à l'intérieur ! Quand sa langue vint caresser la mienne, je fus submergé par un flot de sensations aussi enivrantes qu’inconnues. J’avais tellement eu peur de ne plus être capable d'apprécier un baiser après avoir supporté ceux de la bête



Ma bouche se soumit avec délice à celle d’Arden tandis que mon corps s’abandonnait totalement à son baiser. Lui aussi éprouvait les mêmes émotions car je sentis ses gémissements se répercuter au fond de ma gorge, me faisant frémir violemment. Je m’assis alors à califourchon sur ses cuisses, mes mains enserrant son visage pour approfondir notre baiser. Il m’étreignit convulsivement les hanches tandis que ses doigts s’enfonçaient durement dans ma chair. Ma langue glissa de sa bouche à sa mâchoire que je mordillai en suivant sa ligne volontaire. La pensée fugitive que tout était en train de déraper entre nous me traversa l’esprit mais je refusai de m’y attarder, encouragé par l’attitude plus qu’enthousiaste d’Arden. Je posai alors mes lèvres sous son oreille avant de descendre le long de son cou. Je savais qu’il percevait le contact de mon piercing contre sa peau provoquant dans son corps des centaines de décharges électriques. Je descendis vers l’encolure de son t-shirt, motivé par les râles de plaisir qu’il laissait échapper. Fébrilement, je lui ôtai son haut qui fut suivi du mien. J’avais envie de sentir nos deux peaux nues accolées.



Quand mon torse épousa le sien, je me remis à trembler de la tête aux pieds, complètement bouleversé par les sensations intenses qui me traversaient de part en part. Nous restâmes enlacés un long moment, savourant le contact de nos deux peaux se respirant l’une l’autre. Puis, je repris lentement ma sensuelle descente,  faisant tournoyer ma langue piercée autour d’un téton,  puis de l'autre,  avant de partir explorer son nombril. 

Ce faisant, je relevai la tête pour le regarder ; il se tenait accoudé sur ses avant-bras, la tête tournée sur le côté, deux pastilles roses colorant ses joues. Ses yeux, à demi fermés sur son plaisir, s'ouvrirent subitement et nos regards se nouèrent, le sien me suppliant silencieusement de continuer plus bas. Quand je nichai ma tête au creux de son aine et que ma langue se mit à cajoler son sexe, je l’entendis balbutier des mots sans suite tandis que ses poings serraient convulsivement les draps.


« Attends, retire-toi, oh mon dieu, Célian, je vais jouir ! »

Mais j’avais envie de le goûter jusqu’au bout.


Après l’avoir bu, je me coulissai à ses côtés. Lui, avait recouvert son visage de son coude, le souffle court et la poitrine haletante. Quand il se tourna vers moi, son visage portait encore les stigmates du plaisir. Il me dévora du regard avant de m'embrasser à pleine bouche. Je ne pensais pas qu’il le ferait, pas après l’avoir fait jouir là. Quand il mit fin au baiser, il était essoufflé et ses yeux étincelaient.


« C’était… c’était incroyable ! C’était la première fois qu’on… que quelqu’un me… »

Il se tut, gêné, et je finis à sa place :

« Que quelqu’un te prenait dans sa bouche ? Sache que ça m’a donné autant de plaisir qu’à toi, alors… si jamais tu…enfin, je serais très heureux de continuer à perfectionner mon art avec toi… »

Un bref silence suivit.


« Est-ce que tu crois que l’on peut mourir de plaisir ? Parce que tout à l’heure,  j’ai cru que j’étais littéralement en train de mourir… sauf que ça n’était pas du tout désagréable, bien au contraire ! »

Je me redressai sur un coude pour le regarder attentivement.

« Je crois qu'on appelle ça la petite mort… Alors, ça doit être ça effectivement… »


Tandis que ses yeux me câlinaient, je sentis sa main recouvrir la mienne et la serrer doucement.

« Célian… » commença-t-il avant que quelqu’un ne frappe à la porte et ne l’interrompe. 

Avant qu’on ait eu le temps de se rendre présentables, Flèche argentée était entré dans la chambre.

« Désolé les garçons, mais ça fait très longtemps que vous êtes enfermés ensemble alors on s’inquiétait un peu en bas. Au fait, on est tous au bord de la piscine, au cas où vous voudriez nous rejoindre… »

Après le départ de son jumeau, Arden et moi nous rhabillâmes silencieusement. Je ne savais pas trop comment nous devions nous comporter. Si Arden préférait que ce qui s’était passé entre nous reste un secret ainsi qu'un acte isolé. Mes doutes furent balayés en un instant quand il entrelaça ses doigts aux miens avant de quitter la chambre. Je le suivis, le cœur battant à tout rompre.


Alors que nous approchions de la terrasse, je chuchotai :

« Ta main dans ma main, est-ce que ça veut dire qu’on est ensemble ?

— Pardon, Célian ! j’aurais dû te demander la permission avant », me souffa-t-il, confus, en dénouant son étreinte.

Mais je l’empêchai de me lâcher la main.

« Non, je… je suis fou de bonheur que tu veuilles de moi comme petit-ami ! C’est juste que… que… je n’ai jamais eu de petit-ami avant toi… lui confessai-je, la honte de paraître bizarre m'enflammant le visage.

— Ah mais moi non plus, je n’ai jamais eu de petit-ami », riposta-t-il avec humour pour apaiser mon embarras.


Une bouffée d’amour  m’envahit à ces mots pour la délicatesse qu’ils recelaient : celle  de me faire sentir normal.

Au moment où nous rejoignîmes les autres, ceux-ci venaient de se dépouiller de leurs vêtements pour sauter nus dans la piscine.



Arden et moi nous regardâmes un court instant avant de les imiter. A ma grande surprise, une fois dans l'eau, Arden m’enlaça pour m’embrasser devant tout le monde. Je ne pensais pas qu'il s'afficherait aussi naturellement avec moi.  


« Bon sang, Chloé, s’exclama Hugo, t’as réussi à rendre Arden gay ! Ne t’approche surtout plus de moi ! Quoique, me taper un mec aussi torride que Célian ne me dérangerait pas…

— Ben mon cochon, renchérit Yann, t’as pas choisi le plus moche pour faire ton coming-out !

— Pfff… c'est toujours la même chose, se plaignit Claire, c’est les mecs les plus beaux qui sont gays et on est obligé de se rabattre sur le tout-venant…

— Hé ! C’est nous que tu traites de tout-venant ? » protesta Hugo.


C’est le moment que choisit Chloé pour répandre son venin :

« T’es vraiment prêt à tout pour m’humilier devant tout le monde, Arden ? Même à embrasser ce... ce... ce raté ?

— Sors immédiatement de chez moi, Chloé et n’y remets jamais les pieds !  

— Ne me dites pas que vous ne l’avez pas reconnu ? C’est Célian, le cassos qui vivait dans le taudis de Bedrock Strait avec sa famille de dégénérés !

— Dégage d’ici immédiatement ! »

Je retins à grand mal Arden, dont le visage était déformé par la rage. Ce furent Vincent et Hugo qui empoignèrent Chloé pour l’escorter jusqu’à la sortie.


« Quelle vipère cette Chloé ! s’indigna Laurent.

— T’inquiète pas, Célian, on en a rien à faire de ton pedigree, tu fais maintenant partie du groupe, chercha à me rassurer Claire.

— Je me souviens maintenant, énonça Raphaël, Arden prenait déjà ta défense quand nous étions enfants. Il nous avait même passé un savon la fois où nous n’avions pas été très sympas avec toi. Finalement, vous deux, vous étiez prédestinés, nan ? »

Arden me caressa la joue en souriant, toute trace de colère disparue pour laisser place à une expression de tendresse infinie.

 

Quelques jours plus tard, il me fit un cadeau merveilleux : il avait renoncé à suivre sa famille en vacances pour rester à mes côtés. J’emménageai alors dans la villa de ses parents pour ce premier mois d’été. Ce furent des jours paradisiaques. Des jours de farniente à nous prélasser au soleil au bord de la piscine ou à nous caresser. Nous n’arrivions pas à nous rassasier de nos baisers. A ses côtés, je découvrais la tendresse, et je découvrais que j'en étais assoiffé.










Nous n’avions toujours pas passé le cap ultime même si Arden devenait de plus en plus entreprenant. Ses mains s’égaraient de plus en plus sur mes fesses, se rapprochant de la zone sensible. 

J’avais retardé ce moment autant que j’avais pu, offrant à Arden tout mon art de la fellation, tout en sachant qu’il ne pourrait s’en contenter éternellement. 




En lui permettant d’aller plus loin, je redoutais de le choquer ou de le dégoûter. J’avais déjà pénétré une fille et j’avais déjà pénétré des hommes, et cela n’avait absolument rien à voir. D’autant que cela allait être la première fois pour Arden avec un garçon et que je le soupçonnais de n’avoir jamais été attiré par les personnes du même sexe que lui. En outre, j’étais terrorisé à l’idée de ne pas réussir à le recevoir en moi, traumatisé par mes viols. J’avais peur d’avoir mal et qu’il le voie et que cela brise la magie de notre histoire naissante. 

J’aurais aimé effacer tous ceux qui m’avaient possédé, qu’Arden soit le premier. Je m’en voulais de le tromper sur la marchandise, de le laisser toucher la chose lépreuse que j’étais devenu, mais égoïstement, je refusais de renoncer au bonheur qu’il m’offrait. J’aimais me voir dans ses yeux, même si ça n’était qu’une illusion, j’arrivais à me persuader que c’était moi.

Je l’aimais tellement que c’en était presque douloureux. 

Alors, quand, ce jour-là, il glissa ses mains dans mon caleçon, effleurant du doigt la commissure de mes fesses, je finis par lui demander timidement, tout en espérant dans le secret de mon cœur  qu’il y renonce :

« Tu as envie par là ? »


Arden se mordilla nerveusement la lèvre inférieure tandis que le désir obscurcissait son beau regard.

« Oh oui, mon amour ! » souffla-t-il d’une voix enrouée tandis qu’il se redressait pour m’embrasser à pleine bouche.

Vaincu, je me perdis dans son baiser et le guidai jusqu'à l'entrée de mon corps…



 

[DMA] Retour à Oasis Springs (2ème partie)

 

 


 

PRÉCÉDENT ι SUIVANT

 

 

 

 

Commentaires

Articles les plus consultés